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Sophie Daull est une femme au destin particulièrement lourd : En 2015 elle a écrit sur la mort brutale de sa fille adolescente « Camille mon envolée » un livre sobre et émouvant. Dans « Au grand lavoir », elle revient sur un évènement bien antérieur et particulièrement dramatique, la mort de sa mère, quand elle avait vingt ans. Sa mère, violée et assassinée par un homme condamné à perpétuité et libéré au bout de trente ans pour bonne conduite.

Cet assassin elle le fait vivre, lui donne une voix, le fait se raconter, évoquer sa nouvelle vie de jardinier municipal à Nogent-le-Rotrou, avec son copain Gilbert, son goût pour les fleurs et la nourriture bio, une vie sans saveur. Il évoque son passé, sa rencontre en prison avec un homme qui deviendra son compagnon, sa jeunesse avant la prison, ses addictions et ce moment de folie qui a tout fait basculer, le viol, le meurtre.

Une autre voix s’intercale, d’abord timide puis prenant peu à peu de l’ampleur, celle de Sophie Daull qui peu à peu nous dit comment ce traumatisme l’a à la fois détruite et construite. Donner une voix à celui qui a bouleversé sa vie, le faire exister grâce à l’écriture lui permet d’avancer sur la voie de la résilience. Ainsi elle invente un face à face improbable, lors d’une rencontre dans l’une des librairies de la ville, entre elle, la romancière et lui, l’assassin.

Pour la romancière l’écriture est une catharsis

Deux voix, deux graphies, deux registres de langage et au bout la résilience et le pardon possible.

F.J

Au grand lavoir
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