Ceux qui reviennent
CEUX QUI REVIENNENT
Maryline DESBIOLLES
Seuil
Lisant "Ceux qui reviennent", vous tirez un autre fil, un de plus, un de ceux qui, d’ouvrage en ouvrage, tissent le roman familial de l’auteur. Citons pour mémoire "Primo" ou encore "La scène" ; de livre en livre, de la Savoie à l’Italie, de l’Italie à la Côte d’Azur, les familles se côtoient, s’éloignent, se ressoudent, les enfants naissent, d’autres dans des circonstances particulièrement douloureuses décèdent comme Primo déjà évoqué ici. Cette fois c’est dans les cimetières, inépuisables réservoirs de récits possibles, vrais ou fictifs, disons plus exactement "imaginables" que M.D. au gré d’un nom sur une pierre tombale ou de la photo d’un défunt prise dans le marbre, puise le ressort de son écriture. Voir le monde par « le petit bout de la lorgnette », cet écueil guette son entreprise, elle le sait. "Ce n’est pas un bon début" dit-elle, à l’heure des crises, des révolutions avortées, des guerres. Et en effet le lecteur pourrait d’un haussement d’épaule ignorer sa démarche. Evoquer les disparus, cela n’augure peut-être pas d’un grand intérêt pour le présent, à moins…Et c’est précisément là que tout l’art de M.D. se déploie. Le grand arbre familial se nourrit intimement des cheminements de l’histoire contemporaine, de l’actualité même, et ainsi devient nôtre. S’il fallait convaincre de la justesse de son écriture, les portraits qu’elle nous adresse y suffiraient. Lisez donc celui de "La tante Odette" ou encore les moments fortuits de l’apparition du père.
"Ceux qui reviennent" est un des moments forts d’une œuvre prolixe.
Christian B