Caprice de la reine
« Caprice de la reine », titre éponyme du recueil de sept nouvelles qui composent le dernier livre de Jean Echenoz. « Recueil », drôle de mot qui ferait semblant de nous réunir, nous lecteurs, en un dévot symposium à la gloire du maître, peut-être. Ou recueil qui invite à la cueillette, à la brassée joyeuse et suavement insolente de récits faussement primesautiers. Si nous devions nous contenter de la lecture de la « table des matières » (il est des livres qui y gagneraient…) c’est un certain éclectisme qui l’emporterait. En effet et à priori (se méfier…) peu de choses à voir, peu de liant de Babylone au Bourget…si ce n’est la distance ! Mais alors quel est le pont, lisez donc « Génie civil » qui vous permet avec allégresse de côtoyer Nelson, l’amiral en pièces (on pense ici à une séquence façon Monty Python) Et l’aventure quelque peu salée de Nitroxe ? Comment de ce pastiche du « nouveau roman » ludiquement augmenté d’autant de traits d’humour intitulé »caprice de la reine », caracolons- nous si plaisamment et avec hâte à la rencontre malicieuse d’Hérodote ?
Que dire encore de ce projet qui, au fond en vaut bien d’autres, relativise nos prétentions voyageuses et pousse notre imprévoyant « aventurier » à prendre le RER C en quête d’un graal raisonnable, à savoir « un sandwich au saucisson » ? Pas simple ! Lire Echenoz est un régal quasi gustatif, épices rares de l’intelligence, subtil humour en son lit de majesté ! Et si d’aventure (mais est-ce possible ?) vous ne vous êtes jamais demandé ce que font les paisibles vaches au pré une fois que vous leur tournez le dos, lisez, relisez Jean Echenoz !
Christian B
Caprice de la reine
Jean Echenoz
Editions de Minuit, 2014