Mise à mots
Si vous n'avez pas eu l'occasion de voir Mise à mots sur scène, vous pouvez vous rattrapez en lisant le texte, voire même en vous le disant pour vous-même. C'est en Avignon à l'été 2012 que la Compagnie Malampia nous permit de découvrir ce texte drôle et brillant d'un auteur et artiste "tous azimuths", comme il se présente lui-même. Un texte qui n'est d'ailleurs pas que drôle et brillant. Virtuose et interrogateur aussi.
Un comédien entre sur scène et commence à dire son texte. Lamartine et son temps qui devrait suspendre son vol... Mais non! L'autre l'interrompt. L'autre? Celui qui va lui donner la réplique le temps d'une représentation. Mais attention: l'autre n'est pas un comédien. Non. L'autre, sur scène, est un tueur à gage. Son "contrat"? Le comédien qui croyait être là pour un spectacle "classique". L'occasion est belle pourtant pour un comédien, irrésistible : mourir sur scène, comme molière. La règle est simple, le contrat clair. Le comédien a droit à 3295 mots. Le 3295e mot dit, le tueur fera son travail et l'abattra. Sur scène et en direct.
La tentation pourrait être alors d'échanger les rôles - mais tout le monde ne peut pas être tueur, ni comédien - ou de se taire, se taire pour que le compteur ne tourne plus. La victime et le tueur pousseront le jeu jusqu'à tenter les deux.
La victime - Qu'est-ce que vous faites?
Le Tueur - Rien. Je me tais. J'économise.
Mais un comédien est un comédien. Il ne peut pas être un tueur. Il ne peut pas non plus se priver des mots. Ce serait comme une petite mort... autant affronter la vraie le plus professionnellement possible.
Je n'ai pas encore décidé ce que j'allais faire. J'ai désormais une certaine responsabilité dans le bon déroulement de cette soirée, je vais l'assumer de la meilleure façon qui soit.
Une fois le crédit de mots épuisé...
Et vous, combien de mots vous reste-t-il?...
Bonne fin de soirée.
Marc O
Gérald GRUHN - Mise à Mots, comédie grinçante - Editions Art et Comédie, 2009