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Les Amies et Amis du Grain des Mots rendent un modeste hommage à John Burnside récemment disparu :

 

Il est des nuits blanches en plein été où rêves, légendes et mondes cachés se mêlent.

Liv et sa mère Angelika ont choisi de vivre à Kvaløya, une île du cercle polaire arctique.

Angelika, peintre, a choisi l’isolement pour pouvoir restituer dans son œuvre la part manquante des êtres et des choses qu’une vie habituelle ne peut lui révéler.

Cette île-refuge est aussi le territoire où Liv, absente au monde normalisé, tente de se construire. Les deux femmes dans leur solitude semblent transformer le temps ordinaire et Kyrre Opdahl le conteur et gardien d’histoires, Kyrre le protecteur, sait ouvrir la porte aux légendes.

À Kvaløya d’étranges disparitions font de cet été-là « l’été des noyés », celui « des esprits et des secrets »

Sur l’île, le temps s’étire pour laisser la place aux histoires et aux légendes, elles s’y impriment pour ressurgir si on découvre les « infimes poches d’apocalypse dans l‘étoffe de ce monde », si on ose se glisser dans ces déchirures.

L’isolement permet d’appréhender ce temps et la Huldra (créature légendaire), beauté spectrale qui enchaîne et entraîne les jeunes gens dans les eaux noires de l’Arctique , peut bien prendre forme humaine …. ou pas.

Liv cherche, et « L’été des noyés » est surtout l’été où elle se demande où va sa vie. Sortir de l’enfance, vivre une solitude nécessaire, reperdre un père déjà absent, suffirait à donner vie à la Huldra et à insuffler une dimension mystérieuse à des disparitions que personne ne tente d’expliquer.

Il n’est pas question ici de chercher un éclairage rationnel aux faits étranges et terribles dans leur mystère, seule compte notre capacité à nous éloigner d’une approche ordinaire et rassurante du réel, à accepter de suivre Liv et marcher avec elle sans but pour recréer son approche, « espionner » le monde ou rentrer dans ses rêves pour le rendre accessible :

« Les rêves nous reconstituent (…) les rêves sont des histoires que nous racontons pour comprendre le monde »

Apprendre à voir l’inattendu et accepter d’entendre dans le silence des murmures, des voix venant d’ailleurs, c’est accepter « les espaces intermédiaires », ceux que Liv tentera de dessiner dans les cartes qu’elle détaille si précisément qu’on peut finalement s’y perdre, comme dans un tableau, des cartes mouvantes, loin d‘un monde figé, qui dévoilent les espaces invisibles où se cachent les histoires.

Celles que nous pensons vivre y séjournent et côtoient d’autres possibles.

Texte troublant de poésie et de lyrisme, L’été des noyés magnifie une approche sensuelle de la nature qui nous envoûte pour nous porter ailleurs et déroule sous ses mots le silence, les bruits insoupçonnés et la lumière étrange d’un jour sans fin où dorment les mythes.

M M

L'été des noyés

John Burnside

Traduit de l'anglais (Écosse) par Catherine Richard

Métailié

L'été des noyés vient de sortir en poche

 

John Burnside
John Burnside

John Burnside

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F
ce beau commentaire nous emmène dans le livre même, à tourner doucement les pages entre rêves et réel. Le texte de MM porte en soi la poésie et appelle à s'enfoncer dans cet entre-deux de la vie. Merci pour le plaisir ici et plus tard
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