L'ivresse du sergent Dida
C’est en Afrique occidentale qu’ Olivier Rogez campe son premier roman qui vient de paraître, « l’Ivresse du sergent Dida ». Olivier Rogez connaît bien le continent africain dont il a une grande connaissance pour l’avoir longtemps parcouru et pour y avoir enquêté au service de RFI en tant que grand reporter international. Pour autant s’il en restitue les couleurs, les bruits des villes, les odeurs des marchés, son œuvre est loin d’être un documentaire sur l’Afrique et ses dérives ou ses espoirs.
C’est l’histoire d’un coup d’Etat qui se déroule en Afrique, coup d’Etat qui pourrait se dérouler dans sur d’autres continents, précise Olivier Rogez dans des interviews et son héros , le sergent Dida, personnage purement fictif, pourrait être russe, américain ou autre. Dida, simple soldat de base, issu du plus bas de l’échelle sociale, est sans ambition ; il s’ennuie au sein d’une armée corrompue. Pourtant, sans que rien ne le laisse présager, le hasard l’amène à fomenter un coup d’Etat, monté de main de maître. Dès lors, retranché dans sa caserne, le sergent Dida se retrouve avec un pouvoir immense dont il ne sait plus que faire.
Or il veut faire quelque chose de ce pouvoir, quelque chose de bien ;il puise des exemples dans l’histoire y compris dans l’histoire européenne de Bonaparte à Lénine. Comment transformer son pays, avec quels projets révolutionnaires ? Comment concilier dictature et justice sociale. A travers ces questions, l’auteur dépasse le cadre africain et pose la question universelle de l’usage du pouvoir, de son exercice, des transformations qui affectent celui qui le détient.
C’ est le cheminement de cette pensée qui devient le cœur du roman. Bien que les personnages soient purement fictionnels, l’histoire de l’Afrique offre des « Dida », ainsi l’arrivée au pouvoir de Th. Sankara au Burkina Faso en 1980 ou la démocratie établie par J.Rawlings au Ghana dans les années 80.
On prend plaisir à lire ce récit servi par une écriture recherchée, riche des saveurs du parler populaire. On s’amuse aussi de certaines situations haletantes ou cocasses.
Un premier roman captivant.
JB
L’Ivresse du sergent Dida
Olivier Rogez
Editions le Passage