Correspondance André Breton avec Tristan Tzara, Francis Picabia et Benjamin Péret
Entendu il y a peu sur une chaîne nationale de télévision à propos de récentes inondations la journaliste déclarer, alors que des champs sont devenus des lacs, que la situation était "surréaliste".
Ainsi tout ce qui s'évade de l'ordinaire, tout ce qui parait peu ou prou excéder les codes des médias est qualifié illico de surréaliste :
Un sanglier en goguette sur un rond-point urbain, surréaliste !
Un chef d'état éructant comme un charretier, surréaliste !
Un avion en bascule au bord d'une falaise, forcément surréaliste!
En voila bien des honneurs. Apollinaire en serait enchanté, lui qui inaugura le mot. Et les surréalistes donc ! Georges Orwell (in 1984) écrivait : "c'est
une belle chose la destruction des mots... " conscient qu'il était déjà que ce que nous nommons aujourd'hui "pensée unique" cet étouffoir des divergences, arase nécessairement la polyphonie lexicale.
À bas bruit les éditions Gallimard nous donnent à lire la luxuriante correspondance d'André Breton, axe majeur du mouvement surréaliste.
Les deux derniers volumes consacrés aux échanges épistolaires avec Tristan Tzara et Francis Picabia ainsi qu'avec Benjamin Péret, outre l'intérêt pour l'histoire du surréalisme qu'ils présentent à l'évidence, ont ceci de salutaire qu'ils rétablissent au grand bénéfice de nos mémoires cette ligne à haute tension poétique.
N'en déplaise au si "court circuit" journalistique.
CB