La bête faramineuse
Les éditions Gallimard rééditent pas à pas les fictions magistralement écrites par Pierre Bergounioux.
Et c'est, au plein sens du mot, un enchantement. Une preuve patente de l'évidence de la littérature, cet autre "vice impuni" à jamais délectable !
"La bête faramineuse" est un récit d'enfance.Le narrateur a onze ans. On a presque envie de dire, est âgé de onze ans, tant si tôt, il mesure dans toute son âpreté le poids du monde. Avec son cousin Michel, son complice, son confident, son adversaire aussi, il passe ses vacances dans ce havre originel, la maison de Corrèze. Séjour rituel en famille, retrouvailles avec l'indéfinissable génie du lieu tissé d'ombres délicieusement inquiétantes comme de clartés dionysiaques.Tout concourt aux bonheurs simples des jours sans fin. Si ce n'était la respiration rugueuse du grand-père, vieil homme fatigué, grand voyageur dont le bureau chargé de livres et de masques redoutables envoûte les enfants.
Et puis il y a "La bête" cette réalité rêvée des dangers de monde qui fait frémir de l'indicible attrait de la peur. De celle dont naissent les héros. "Un rêve n'aurait pas eu cette constance. Mais c'était peut-être une illusion que la
constance".
Les grands présents, les parents, sont auréolés de cette permanence dont les enfants intuitivement savent la fragilité.
Ainsi en va-t-il de l'éphémère "postérité du soleil" comme aurait dit Albert camus.
Un grand livre.
CB
La bête faramineuse
Pierre Bergounioux
Gallimard - Folio -