Louis Soutter, probablement
Connaissez vous Louis Soutter, la peinture de Louis Soutter ?
Nous pourrions par simple confort , cela dessine un cadre, un champ, la situer parmi les œuvres propres à l'art brut. Peu de points communs par exemple avec le travail de Jean Dubuffet qui pourtant dans un essai intitulé "L'homme du commun à l'ouvrage" consacre quelques lignes précisément à Louis Soutter(1871/1942). Pour lui et donc à notre adresse (il publiera ses remarques en 1970) il écrit ceci : "Les docteurs de la culture veulent bien un peu de rénovation,un peu d'affranchissement à l'égard des normes, mais pas trop. Avec Soutter déjà c'est trop".
C'est que Louis Soutter ne sera jamais exactement "un homme du commun". Ou bien pour mieux comprendre cela faudrait-il évoquer un certain Robert Walser tant les points de rencontre entre l'auteur du "Commis" et Louis sont légion, une sorte de fraternité à distance.
Ce que, bien sûr, Michel Layaz ne manque pas de noter. Son "Louis Soutter, probablement" dès ce titre déjà aura l'élégance de ménager un juste espace aux incertitudes d'une vie. Un douloureux cheminement qui poussera notre peintre vers un asile de vieillards catatoniques. Le Corbusier le soutiendra (il sont cousins) ébloui, fasciné par ses toiles, Giono (qui l'oubliera),l'admirera un temps, lui achètera quelques dessins. Il y aura un projet d'illustration d'un livre de Ramuz (Louis sait faire cela, ses enluminures). Ce sont autant d'éclaircies bienvenues, de fugitifs éclats de bonheur qui un temps flattent le pauvre dandy ("l'anglais " comme disent les pensionnaires). Mais rien qui ne puisse surpasser l'entêtante solitude, ce sentiment taraudant (un acide) de l'inutilité de soi qui empoignent, qui incarcèrent Louis Soutter.
Un récit pudiquement, subtilement émouvant que nous donne Michel Layaz.
CB
Michel Layaz
Louis Soutter, probablement
ZOE