Microfictions 2018
Manifestement, Régis Jauffret affectionne les scènes de folie, de sexe et de mort. Il ne craint pas de confronter ses lecteurs à leurs côtés les plus obscurs. Aussi nombre de ses écrits (Asiles de fous, Claustria, La ballade de Rikers Island) dérangent. Ses Microfictions 2018 ne sont pas de nature à améliorer sa réputation. Il s’en moque et il a raison. Dans ce fort volume (1020 pages), il confirme brillamment son inclinaison pour les histoires courtes. Pour autant, il n’entend pas donner une suite à l’ouvrage du même ordre paru il y a onze ans (Microfictions, 2007). Il s’en moque et il a raison. Dans ce fort volume (1020 pages), il confirme brillamment son inclinaison pour les histoires courtes. Pour autant, il n’entend pas donner une suite à l’ouvrage du même ordre paru il y a onze ans (Microfictions, 2007).Significativement, le présent opus porte le sous-titre de roman. Il rassemble cinq cent onze micro-nouvelles dont aucune n’excède une page et demie, qui sont classées selon l’ordre alphabétique de leurs titres – d’Aglaé à Zéro baise. La tonalité est plus sombre qu’en 2007 mais l’écriture toujours aussi exigeante. Il faut dire qu’une telle rigueur s’impose quand il s’agit de donner vie à une véritable histoire dans un format aussi ramassé. Et l’auteur se maintient à cette hauteur du début à la fin de son écrit.
Régis Jauffret a voulu édifier une véritable somme puisque son projet n’est rien moins que d’embrasser toute la vie, toutes les vies, toutes les énergies, toute la passion, toutes les passions des femmes et des hommes. Pour cela, il a placé un miroir devant notre humanité pathétique, devant nos amours comme devant nos solitudes, devant nos désirs insensés comme devant nos apparences et nos manques d’amour, sans craindre d’entrer pleinement dans des monstruosités (le meurtre, le viol, l’inceste, le parricide…). Afin de réaliser cette ambition, il revendique une liberté totale de la narration. Maître de l’humour noir, grâce à un regard dépourvu de voyeurisme, il écrit un roman qui appelle ses lecteurs à la distanciation salutaire qui seule peut permettre d’appréhender ses Microfictions au bon niveau et de faire des délices de ces horreurs.
ML
Régis Jauffret
Microfictions 2018
Gallimard