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Au centre de la Floride, loin des plages touristiques, dans un camp de caravanes, situé entre deux autoroutes, une rivière peuplée d’alligators et une décharge toxique: c’est la Floride des laissés-pour-compte, des déclassés, de ceux qui bataillent chaque jour pour survivre, le terreau des trafics (armes, drogue ).

Fil rouge du roman : les armes, leur banalisation, le quotidien de Pearl, adolescente solaire de 14 ans, qui vit avec sa mère dans l’espace confiné d’une vieille voiture sur le parking du camp. Pearl et Margot ont une relation fusionnelle, dans laquelle la plus lucide est la jeune fille, tandis que sa mère est un être lunaire, meurtri, fragile. La précarité de leur existence contraste avec l’enfance dorée de cette jeune mère, enfance qu’elle a voulu fuir. La complicité et l’harmonie entre ces deux êtres cabossés se désagrègent lentement, jusqu’à l’implosion, le drame prévisible, processus dans lequel la part des armes est omniprésente, notamment lorsque la jeune adolescente découvre un trafic au sein même du camp .

Pearl devra partir vers d’autres lieux, créer de nouveaux liens, faire face à de nouvelles épreuves. Sa force et sa lucidité sont évidentes, mais son passé n’est jamais loin, les décisions qu’elle prend dans cette nouvelle vie, qui peuvent nous surprendre, en sont la preuve . 

C’est un parcours, pour nous lecteurs, qui nous conduit loin du rêve américain, qui nous donne à voir une autre Amérique, celle que beaucoup d’Américains veulent ignorer, celle que les autorités ne veulent pas voir, terreau du populisme, de la violence, des révoltes.

Dans une langue à hauteur d’un récit fait par une narratrice de 14 ans, l’auteur joue sur plusieurs registres d’écriture : humour, gravité, poésie. Pas de pathos, pas de sensiblerie, pas de mièvrerie.

L’univers à la fois sombre et poétique du roman pourrait donner un beau scénario de film, le décor est cinématographique, les personnages sont attachants, ou attendrissants, ou haïssables, ou énigmatiques…. Difficile d’oublier Pearl !

Et ceci , grâce au talent de l’écrivaine .

M.P

 

Balles perdues

Jennifer CLEMENT

Traduit de l'anglais par Patricia Reznikov

Flammarion

 

 

Balles perdues
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