L'hiver du mécontentement
Comme avec « Il était une ville »-2015-, en l’occurrence la ville de Détroit ruinée la faillite du système bancaire, « L’Hiver du mécontentement »est un roman engagé qui croise fiction et réalité, chronique sociopolitique et destin individuel.
« L’hiver du mécontentement » titre emprunté au journal britannique, le Sun désigne la vague de grèves sans précédent qui a paralysé la Grande-Bretagne durant l’hiver 1978-1979 alors que les travaillistes au pouvoir ont été incapables d’enrayer la misère et la révolte sociale, laissant une brèche ouverte pour l’ambition de Margaret Thatcher. C’est une période charnière qui clôt un monde et amène le monde actuel soumis aux effets du libéralisme débridé.
Le titre fait aussi référence à la première phrase de « Richard III », la pièce de Shakespeare : « Voici venu l’hiver de notre mécontentement ».Candice, le personnage principal du roman, répète le rôle de Richard III qu’elle doit jouer dans son théâtre d’amateurs, ce qui l’amène à nourrir sa réflexion sur la conquête du pouvoir, laissant émerger en filigrane les ambitions de Margaret Thatcher( laquelle prend des cours de diction dans ce même théâtre !). Candice représente la jeunesse de cette période qui a perdu ses illusions, déclassée. Pour payer ses cours de théâtre, elle livre à vélo plis et colis. On la suit dans les rues de Londres, occasion pour l’auteur de brosser avec talent le portrait d’une ville paralysée par la grève des transports.
Tout le roman résonne de musiques rock de cette époque ; il nous fait entendre, comme en écho, une époque révolue , celle des Sex Pistols, Buzzcoks, Pink Floyd, David Borie et d’autres qui ont marqué l’Avant -hiver du mécontentement. L’ Après , Margaret Thatcher l’annonce clairement : « Aujourd’hui, fini de rêver ».(cité en exergue )
Un roman très riche, captivant , habilement construit .
Lauréat du prix Interallié.
JB
L'hiver du mécontentement
Thomas B.Reverdy
Flammarion