Nathalie Yot et My Tiger Side au Grain des Mots

Lecture musicale au Grain des Mots mercredi 5 Décembre à 19h d'après le roman de Nathalie Yot  " Le Nord du Monde" illustré par le projet instrumental My Tiger Side du guitariste Rémy Saboul.

Le Nord du Monde 

Nathalie Yot

Ed. La Contre Allée

" J’ai sur ma table ce bleu de Nathalie Yot depuis un petit moment. 

Je ne sais pas bien ce qui déclenche ce jour-là plus qu’un autre et où les mains s’emparent du livre bleu et c’est terminé, il ne sera reposé qu’une fois lu. D’une traite celui-ci. D’une seule voix qu’on lit, qu’on entend, qui circule et se glisse dans les moindres failles, creux, interstices blancs sur fond bleu et voilà que la couverture prend corps et que nos pas suivent les abysses sans rechigner, toujours plus loin, au nord du monde si c’est là qu’on va.

La voix comme lorsqu’on écoute un album et que chaque piste est la découverte d’un endroit qui nous donne envie d’aller encore un peu plus ailleurs. Le nord du monde c’est une partition, une fugue urgente et majeure, c’est une musique, des sons et des silences. Des phrases courtes, des mots où

VLAN et puis VLAN

et c’est caméra à l’épaule, je trotte dans ma lecture, halète, je fuis vers le nord du monde avec la peur sans savoir la nommer peu importe mais courir et je cours sur la basse de The hunt de New Model Army comme s’il s’agissait d’une chasse et que j’étais une proie, je cours jusqu’aux rencontres qui jalonnent la route vers le Nord, jusqu’aux chemins qu’on emprunte parce que. Parce que l’autre, parce que l’odeur – le fumet, parce que la chaleur, parce que le désir, parce que l’amour, parce que le ventre. Je suis animal, je suis sauvage, je vis. (.........)

S’il manquait au départ un manteau à la narratrice pour aller vers le Nord, parce qu’il fait froid, parce qu’on ne part pas sans habits, parce qu’on peut trouver tout ce qu’il y aura à trouver dans les discours (les siens ou ceux des autres) pour que l’on cesse d’être, vraiment, entièrement, sa peau elle, elle est fragile, en urgence, en besoin, à vif et humaine, assez pour nous entrainer comme si c’était naturel là où il n’est à priori pas pensable d’aller. Le tour de force de l’auteure est là, dans ce chemin où on la suit et peu importe, de poulain à sauvage, l’écriture fait corps, l’écriture fait charnel."

Avec l'aimable autorisation de IBL