Antonia Journal 1965-1966

Un « petit « livre d'une centaine de pages, dans lequel l'auteure fouille la vie d'Antonia jeune femme d'une trentaine d'années, issue de la grande bourgeoisie , en nous faisant découvrir son journal tenu sur deux années .
Son quotidien morne et amer Antonia, le résume parfois en quelques lignes sèches :

– Échange ce matin avec Franco au petit déjeuner : Ouvre la fenêtre Elle est ouverte Il n'y a pas d'air .

Antonia étouffe entre un mari qu'elle n'aime pas, et son petit garçon qu'elle n'arrive pas à rencontrer .
L'héritage de Nonna, sa grand-mère paternelle, est l'occasion pour Antonia de se réapproprier son histoire . Grâce aux photos et aux lettres qu'elle trie et assemble , elle apprend un passé inconnu, et retrouve ses propres souvenirs relégués, enfouis . Une enfance et une adolescente ballottée sur plusieurs continents, entre une mère qu'elle encombre, et des pensionnats pour jeunes filles riches .

Elle ordonne les papiers Antonia, et l'Histoire de la deuxième guerre mondiale apparaît avec tous les secrets de la famille maternelle juive, qui a dû quitter Vienne. Plus elle visite ces couches du passé ,plus elle sort imperceptiblement d'abord, puis avec défi, de sa propre vie .

– Ce matin Franco en tapotant sa tempe avec son index et en me regardant droit dans les yeux : « Je te l'ai déjà dit . Tu ferais bien de faire de l'ordre là-dedans » .

Antonia trouvera la voie de ses désirs, de ses rêves, d'une courageuse émancipation, à une époque, et dans un milieu conservateur où la place de la femme est assujettie au faire- valoir du bon fonctionnement d'une famille bourgeoise.

Gabriella Zalapi , construit son livre en y glissant quelques photos anciennes,des extraits de lettres, nous offrant ainsi la possibilité d'être au plus près d'Antonia qui ouvre ses cartons . L'émotion est ainsi partagée et soutenue par une écriture sans fioriture , sans détours . Des mots tracés pour dire la réalité qui ne peut plus être tue.

ML