La pluie jaune

C’est un chant funèbre, une sorte de mélopée. Un vieil homme agonise et se souvient.                                                              

Et en se souvenant il nous raconte comment son village, perdu dans les Pyrénées Aragonaises, s’est, au décours des années 50, peu à peu dépeuplé, les paysans étant allé chercher une vie meilleure dans la vallée. Il est question ici d’un monde qui disparaît, d’une vie qui se défait. 

Andrés, le vieil homme, nous livre peu à peu ce que fut cette vie avec ses joies et ses drames, il nous parle de son attachement à cette nature aride qui lui ressemble et à ce village qui tombe peu à peu en ruine et où il ne reste plus que lui.                                                                                                                                                                    

Le passé le hante, la solitude le ronge, sa raison s’égare, il voit des ombres partout.                                                                                        

Et une pluie jaune s’abat sur lui, pluie d’automne mêlée aux feuilles mortes, symbole de la fin qui approche.    

« La pluie a insensiblement noyé ma mémoire et jauni mon regard. Pas seulement mon regard. Les montagnes aussi. Et les maisons.  Et le ciel. Et les souvenirs qui s’attachent encore à eux. Lentement au début et ensuite au rythme des jours qui traversaient ma vie, tout, autour de moi, s’est coloré en jaune comme si le regard n’était autre que la mémoire du paysage et le paysage un simple miroir de moi-même ».  

Ce petit livre crépusculaire ancré dans l’histoire espagnole et dans la propre histoire de l’auteur, est vraiment un très beau livre avec un beau travail de traduction.

FJ

La pluie jaune

Julio Llamazares

Traduit de l'espagnol par Michèle Planel

Verdier