Les os des filles
« Tu avais dix-sept ans alors, à peine, et tu as pris l’avion, seule, pour retourner à Hanoï. Tu vois, j’en ai vingt-trois aujourd’hui, et je retourne, seule, une nouvelle fois, sur les lieux de ton enfance. Tu es revenue et je reviens encore, chaque fois derrière toi. Je reviendrai peut-être toujours te trouver, trouver celle qui naissait, celle qui mourait, celle qui se cherchait, celle qui écrivait, celle qui revenait. Je reviendrai peut-être toujours vers celle qui revenait, vers les différents coffrets d’os, vers les couches de passé qui passent toutes ici. »
Un père français, une mère vietnamienne, 23 ans et déjà son troisième roman.
Elle a 10 ans lorsqu’elle déménage à Paris avec ses parents. Une enfance d’un seul coup balayée dispersée. Elle est déracinée.
Elle revient à Hanoï seule, remonter le fil de l’histoire avec les femmes de sa famille, celles qui l’ont accompagnée dans sa petite enfance. Elles sont combattantes pendant la guerre, pauvres, laborieuses dans les champs de riz.
Le titre est un jeu de mots sur la vie. Les eaux avant la naissance, ses femmes meurtries, osseuses, des vies qui finissent dans ce coffret d’os posé sur l’autel des ancêtres.A partir de cette tradition vietnamienne elle va se reconstruire, renouer avec son enfance.
Une reconstruction étonnamment mature. Une écriture vive, précise, directe, pudique qui dit des déchirures sans jamais s’y appesantir, un je, qui utilise aussi le tu, qui dit la vie grouillante de Hanoï la touffeur chaude des rizières, l’odeur épicée de la nourriture dans les rues.
Une ode aux femmes avec joie et amour.
Non ce n’est pas Duras mais on y retrouve la moiteur, les odeurs de la ville tropicale.
C’est beau pudique, plein de vie et poétique.
C.C
Les os des filles
Line Papin
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