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Jean François Haas, auteur suisse invité au « Grain des Mots », nous a fait découvrir ce magnifique roman « Tu écriras ton nom sur les eaux » à l’occasion de la Comédie du Livre 2019.

Ce roman atypique, d’une grande ampleur, balaie un siècle d’errances, empruntant des chemins et des eaux tortueuses entre la suisse et l’Amérique. Bien qu’elle maitrise les codes de la saga ou du grand roman d’aventures, cette vaste fresque ne saurait se limiter à ce genre, en campant le destin individuel  dans les enjeux majeurs  et les soubresauts du XXe siècle.

 Jonas, le narrateur, reconstitue les pérégrinations en Amérique de Tobbie Ruau, son grand père qui fuit son petit village suisse à 17 ans, échappant ainsi aux violences de son « parâtre » et partant à la recherche du père biologique qu’il n’a jamais connu. Le chemin ne peut-être que long et chaotique jusqu’en Californie où il affronte les obstacles que rencontre les immigrés, les surmonte avec échecs et réussites . Un destin passionnant qui  a été aussi celui de bien de ces échoués européens venus tenter leur chance en débarquant à Ellis Island.  La richesse du roman et son foisonnement ne tiennent pas qu’à cette épopée individuelle. C’est aussi un roman politique qui place les personnages dans les violences d’un XXe siècle bousculé par ses guerres, la barbarie nazie, les  racismes, qu’ils soient antisémites,  partout d’Odessa à San Francisco,  ou contre les Noirs aux Etats-Unis en lutte pour leur dignité humaine. En ce sens, cette œuvre est un récit engagé tout en réussissant à transfigurer le réel, à l’imprégner d’une grande humanité, avec comme question centrale celle du mal et du salut, fil conducteur conduisant aux retours et au pardon, au gré des mers et des rivières.

Tout au long du récit se déploient une grande virtuosité  et un talent créatif enrichi de références culturelles récurrentes. Ainsi on est conduit dans l’univers des villages russes peints par Chagall et nous planant dans les airs avec les personnages. Ou bien nous dévalons, angoissés,  les escaliers d’Odessa en 1905, fuyant  la charge des cosaques du tsar et nous voilà dans le film d’Eisenstein. Peut-être connaitrons-nous enfin le père de l’enfant du landau ! 

JB

Tu écriras mon nom sur les eaux

Jean-François   HAASSuisse

 Seuil

 

Tu écriras mon nom sur les eaux
Jean-François Haas

Jean-François Haas

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