Le Mas Théotime
Le Mas Théotime a été publié une première fois en 1945 par Edmond Charlot, éditeur algérois installé à Paris pendant la guerre, toujours en quête de pépites, de bijoux. Le Mas Théotime en est un, il nous transporte. Il nous transporte vers le Vaucluse profond des terres travaillées dont la sérénité rayonnante est transmise par une écriture recherchée, précise, complexe mais épurée. Autour du Mas Théotime règne une grande douceur, celle qui émane de la nature avec laquelle les humains ne font qu’un, et des relations de silencieuse estime entre voisins. Sauf un, l’inquiétant Clotius dont la silhouette menaçante, la présence ou l’absence obsédantes viennent hanter les esprits jusqu’à les placer au bord de la folie et représenter le Mal dont chacun a pourtant sa part.
Au fil des pages, le lecteur est balancé entre quiétude et frisson. Henri Bosco a un talent particulier, comparable à celui de Stefan Zweig, pour explorer le flou des frontières entre amour platonique et sensualité ardente, inquiétude et haine, les choses, les pierres, les arbres et les vivants, la simple maison et la seconde peau, soi et…soi. On apprend beaucoup de ce que Bosco nous dit de la passion amoureuse, de l’amour maternel, de l’envie de vengeance, de la frustration, du et des silences, de la nature et des êtres humains.
Il se peut que Bosco ne soit plus trop lu. Si jamais vous ne saviez pas même avoir ce roman au fond de votre bibliothèque, ce sera une double découverte, une double chance.
E.B
Le Mas Théotime
Henri Bosco
Folio