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Il y a des livres dont on ose à peine parler parce que ces livres ont quelque chose d’indéfinissable qui vous pénètre et qui fait qu’on sait qu’on ne les oubliera jamais. C’est le cas de « Emportée » et de « Debout sur le ciel » de Paule du Bouchet. J’aurais pu ne jamais les lire mais c’était sans compter avec l’intuition de mes libraires préférés.

On pourrait dire que ces deux livres racontent une histoire de famille. Il y a une mère, Tina Jolas, ethnologue, traductrice, un père André du Bouchet, poète majeur du 20ème siècle, leur fille Paule, future musicienne et auteure jeunesse, Gilles son petit frère futur peintre.

Et aussi un intrus exceptionnel : René Char.

C’est lui qui « emporte » Tina la maman dans une relation hors du commun qui dure plus de 30 ans.                                                    

Ces deux livres sont comme deux partitions musicales qui se répondent. Dans « Emportée » Paule du Bouchet interroge son enfance, parle de ce qui l’a fait souffrir et grandir. Et faire remonter ces souvenirs à la surface est pour elle à la fois source de douleur et d’apaisement. Elle évoque sa mère, personnalité solaire, arrachée à sa famille, véritablement « emportée », « prise dans le rayonnement d’un autre ». Elle dit sa douleur, (« la porte s’est refermée. Elle a été emportée et moi je hurle »). Elle parle de la « tendresse déchirante » qui a toujours uni ses parents, au-delà de tout. Et elle dit tout cela avec une délicatesse infinie ; et grâce à la justesse des mots la souffrance devient douceur. Il y a là un magnifique hommage d’une fille à sa mère, et au-delà une réflexion sur la transmission, sur la mémoire, sur la vie.

Cette délicatesse musicale on la retrouve dans « Debout sur le ciel » dédié à son père qui fut un père admirable. Elle évoque les longues périodes passées avec lui, dit comment il a toujours veillé sur ses deux enfants, comment il les a nourris d’histoires, leur a appris l’errance, la simplicité matérielle, l’attention aux choses, comment il les a aidés à grandir. Elle dit : « Aujourd’hui, pensant à l’enfance, je pense à la solitude que m’aura donné mon père. À cet état de vivre qui aura été le glissement imperceptible entre la solitude comme abandon et la solitude comme liberté ». En fait, il est difficile de parler de ces deux livres, parce qu’on a l’impression de ne pas avoir les mots qu’il faut.

Il faut tout simplement les lire ! 

FJ         

 

L'Emportée

Paule du Bouchet

Éditions des Femmes (nouvelle édition augmentée)       

  

Debout sur le ciel       

Paule du Bouchet    

Gallimard   

                                  

 

 

"Emportée" et "Debout sur le ciel"
"Emportée" et "Debout sur le ciel"
Paule du Bouchet

Paule du Bouchet

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