La race des orphelins

Elle s’appelle Hildegard Müller, elle a 76 ans, La race des orphelins est son journal, la radiographie du secret de sa naissance.
Mais ce n’est pas elle qui l’écrit car, presque illettrée, elle a engagé un écrivain qu’elle appelle son scribe : elle parle, il traduit sa vie en mots.
Elle a voulu écrire ce journal pour comprendre l’obscurité de sa naissance : elle est orpheline de guerre, considérée tantôt comme collabo, tantôt comme nazie.
Elle est née dans une maternité SS, un Lebensborn.
Mais lequel ? Elle ne sait pas. Il y en a eu 34 pendant la 2e guerre mondiale dont 9 en Norvège où sa mère aurait accouché.
Elle cherche désespérément des souvenirs de son enfance, elle enquête et revient sur les lieux d’un crime dont elle est la victime.
Mais toutes les traces ont été effacées.
Des enfants, des orphelins ça ne pèse pas lourd et des orphelins SS ça ne pèse vraiment rien.
Le 30 avril 1945, les SS ont brûlé tout ce qui avait trait au projet démoniaque des Lebensborn imaginé par Himmler. Avec cet autodafé, ils ont supprimé le peu d’informations auquelles elle aurait pu avoir accès.
Cette élimination administrative ont fait d’eux des orphelins pour l’éternité !
Mais, à la fin de la guerre, ils n’étaient pas les seuls orphelins.
Les bébés nés dans les camps, les enfants juifs rescapés des camps de travail, tous orphelins !
De la race des orphelins !
Il y a eu crimes.
Abandons. Non-assistance à bébés en danger. Par dizaines de milliers ! Kidnappings. Vols d’enfants. Par centaines de milliers.
Et puis crimes purs et simples. Pour les imparfaits. Mises à mort de nourrissons pour cause de défaut.
Il y a eu crime et il y a eu procès. Mais pas de condamnations.
Sa vie est une erreur judiciaire !
Roman poignant, d’une belle écriture.
Pages très courtes, d’une grande intensité, qui font penser aux litanies des chœurs des  tragédies grecques.
Un vrai coup de cœur !

D. AZOUG

La race des orphelins
Oscar LALO

Belfond