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Récit-témoignage touchant d’un adulte qui revient sur ses souvenirs d’enfant quand il était heureux auprès de ses parents. C’est l’été 1938, le dernier été. Après ce sera l’enfer. Car l’on sait, avec un autre texte, "Histoire d’une vie " que  Aharon Appelfeld sera ensuite privé de ses parents, de sa famille et qu’il devra traverser seul l’Europe pour échapper à la barbarie nazie. Mais l’histoire est plus complexe que ça, et je vous laisse lire le bonheur de découvrir ce récit pour saisir toute sa tragédie.

Ici avec Mon père et ma mère nous sommes à la veille d’une bascule et chacun le sait, ce qui donne à ce récit sur ce dernier été une intensité particulière.  Avec sa famille l’enfant passe comme chaque été des jours tranquilles au bord du fleuve Pruth, y apprend à nager, se promène, rencontre des personnes un peu étranges ce qui lui permet de nous offrir une description d’un petit monde aujourd’hui dépassé. Nous sommes à hauteur d’enfant, mais d’un enfant qui sent que le drame gronde ; les persécutions des juifs ont commencé et il sait intuitivement que cet été sonne le glas d’un paradis. Portraits délicats de diverses personnes gravitant autour d’eux, à commencer par ses parents, sa mère sensible et attentive, son père critique envers ses propres pairs et leurs différends, notamment sur la foi et la religion.  Ce texte n’est pas sans nous faire réfléchir sur la période actuelle où sourd une crise inquiétante dont nous ne savons pas quelle forme elle peut prendre.

Mais c’est aussi un livre sur l’écriture qui commence par une introduction magnifique sur les chemins d’écriture où l’auteur nous invite à partir à la recherche de nos souvenirs grâce à l’écriture. C’est dit-il grâce à l’écriture qu’il peut sans relâche retourner dans la maison de ses parents. L’écriture comme moyen de faire revivre, de revisiter les territoires d’un éden perdu. Il y a  du Proust dans cette démarche : c’est la langue qui peut faire resurgir un passé à jamais englouti, et ici englouti du fait d’une barbarie ignoble.

Enfin il faut souligner la qualité de la traduction de Valérie Zenatti, traductrice attitrée de A. Appelfeld, écrivaine également qui met sa traduction au service de son auteur.

N.B

 

Mon père et ma mère 

Aharon Appelfeld

Traduction de Valérie Zenatti

Éditions de L’Olivier

 

Mon père et ma mère
Aharon Appelfed

Aharon Appelfed

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