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Depuis ses premiers écrits, le romancier catalan Enrique Vila-Matas ne cesse de s’interroger sur les rapports entre la littérature et la vie. Il l’avait fait dans son Paris ne finit jamais (même éditeur, 2004), à propos du parcours initiatique d’un jeune écrivain sous la figure tutélaire d’Ernest Hemingway et, auparavant dans son fascinant Mal de Montano (même éditeur, 2003). Dans celui-ci, s’appuyant sur une abondance de citations, il décrit brillamment les ravages d’une maladie singulière : la maladie de la littérature (i.e., le mal de Montano), un mal qui va finir par avaler sa victime « tel un pantin dans un tourbillon » et la conduire à n’appréhender la vie qu’au travers de la littérature et, donc, d’oublier de vivre.

L’impossibilité d’une écriture sans une telle masse de citations – au risque d’incommoder les lecteurs – se retrouve dans Cette brume insensée. L’auteur y présente la relation perverse qui unit deux frères : Simon et Rainer. Le premier habite une maison en ruine près de Cadaqués ; le second est un romancier qui vit caché à New-York et connaît un succès spectaculaire, notamment grâce aux citations littéraires que lui déniche son frère, contre une maigre rémunération. Le prétexte du règlement de la succession de leur père va les amener à une rencontre dans une ville de Barcelone enflammée par les revendications indépendantistes, une rencontre au cours de laquelle les deux personnages vont s’affronter autour du rapport entre la réalité et la fiction.

Enrique Vila-Matas réussit à nous tenir en haleine dans ce huis clos très particulier. Une fois de plus, il excelle quand il s’agit pour un écrivain d’honorer sa vocation première : celle de se jouer du réel.   

M L

Cette brume insensée

Enrique Vila-Matas

Traduit de l'espagnol par André Gabastou

Actes Sud, 2020

 

Cette brume insensée
Enrique Vila-Matas

Enrique Vila-Matas

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