Lire, relire Philippe Jaccottet
C'est peu de dire que les médias dominants (publiques comme asservis à l'actionnariat) n'auront pas, à propos de la disparition du poète Philippe Jaccottet, encombré notre "part de cerveau disponible" de leur habituel bavardage!
La discrétion de l'homme voire sa prudente réserve se pliaient peu "aux trompettes de la renommée". Et pourtant...Comment aborder aux rivages de l'œuvre de celui qui très tôt a choisi l'aride et souvent ingrat travail de traduction. Il s'en explique au cours d'un entretien "...je n'avais pas beaucoup le choix entre les gagne-pain possibles".
Traduire donc, être un passeur d'émotions, il revendique explicitement le mot, cela ne fut pas sans lien avec son contexte natif, la Suisse romande, qui d'une certaine façon oblige au bilinguisme.
Ainsi devons nous à cette "contrainte"objective l'admirable traduction des "Elegies de Duino" de Rilke qui n'aura pas peu contribué à la reconnaissance ici de de ce poète majeur.
"L'homme sans qualités", "Les désarrois de l'élève Torless", nous n'aurions pas lu Musil sans l'inestimable apport de Jaccottet. Mais le poète me direz vous ?
Entretenir avec la poésie une conversation secrète non par goût d'une hautaine distanciation vouée à la vacuité, dire la "modestie des choses" car".. l'utopie de la poésie la plus haute serait cela".
Ainsi, dans "Les chants d'en bas "est-il dit :
" Ecris vite ce livre, achève vite aujourd'hui ce poème/avant que le doute de toi ne te rattrape/la nuée des questions qui t'égare et te fait broncher/ou pire que cela…/ L'encre serait de l'ombre.
Lire, relire Philippe Jaccottet.
C.B