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De Nathalie Yot j’avais beaucoup aimé « Le Nord du monde » paru à la Contre Allée en 2018 et jamais oublié cette phrase qui ouvre et ferme le livre : « C’est courir qu’il faudrait ». Elle publie aujourd’hui , (et elle est Natyot en poésie),aux éditions La Boucherie littéraire, un petit recueil de poèmes . « Ils », « Ils », c’est un titre par défaut, par défaut de notre langue qui n’englobe pas, comme le fait le « they » anglais, le masculin et le féminin. Parce que « Ils », c’est « eux », c’est « elles », c’est « nous ». Parce que  c’est de notre vie qu’il s’agit, de choses qu’elle observe, qui nous relient les uns aux autres. Elle dit : « J’écris sur ce que j’observe des autres,… sur ce qui se passe entre nous, les autres, nous, quels autres sommes-nous ? ».                                                                                                      

C’est une poésie de peu de mots et les mots en résonnent d’autant plus. Et ils nous ramènent à des choses de notre vie, des choses qui peuvent paraître  banales, mais pas toujours, les choses de la vie. Il y a le repas du dimanche, le trajet en métro, le déménagement, la manifestation, l’enterrement, la maison de retraite et bien d’autres choses encore, par exemple Noël :         

 " Ils achètent un arbre

Ils achètent tous le même arbre

Ils le maquillent

en or

en argent

en rouge

toutes les couleurs parfois

des millions d'arbres maquillés

au mois de décembre

ils célèbrent le jour où un enfant est né

certains disent que l'enfant est divin

d'autres non ...."

Ou encore le vernissage :

"Ils viennent à dix-neuf heures

c'est la bonne heure

ils entrent dans une pièce vide

il y a une table

des bouteilles des verres des cacahuètes

et des oeuvres sur les murs

ils regardent les oeuvres sur les murs

pas tous

ils se disent bonjour

ils passent plus de temps à se dire bonjour

qu'à regarder les oeuvres sur les murs ..."

Les mots qui composent chaque poème, véritablement on les entend et il y a ce « Ils » qui rythme les phrases comme un leitmotiv : « Toujours j’écris avec la voix, le son, le dedans du son, parce que la poésie ne peut être autrement sans le son qui interpelle, qui remue, qui secoue. »                                    

Cette voix, grave, un peu rauque, on peut aussi l’écouter car Nathalie Yot est aussi une performeuse. Elle forme un beau duo avec Eric Cassan (Natyotcassan) qui l’accompagne par exemple dans la « Trilogie de l’année blanche » où elle dit certains de ses poèmes et nous montre que les mots sont faits pour être lus mais aussi pour être dits.

F.J

 

ILS, défaut de langue
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