Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sym-phonein signifie tout simplement "résonner ensemble" produire un son dont la complexité surpasse, l'emporte sur la particularité de chacune de ses composantes.

Et cette subtile alchimie, cette organisation très concertée de flux émotionnels puissants nous la nommons musique. En cela  Gustav Malher est orfèvre, maître des symphonies, adulé, sollicité par tous les lieux les plus prisés où se donne ce que la musique connaît de plus prestigieux.

Pour autant l'unanimité glorieuse aussi flatteuse soit-elle  loin d'éblouir musicien demeure impuissante à édulcorer sa lucidité. "Le génie créateur dont on vous rebattait les  oreilles à l'Opéra s'avérait généralement vous souffler des idées fallacieuses, des conceptions erronées". Ainsi en va t-il des ruminations quelque peu désenchantées du passager affaibli, assis, solitaire, enfoui sous de lourdes
couvertures, sur le pont du paquebot qui le ramène en Europe. Les concerts donnés par le maître à New-York furent retentissants. Vanité? Mirage? Consentement à soi trop complaisant? Fugace une mouette passe. Bien que le soleil se montre plus généreux il fait froid. Froid, un simple mot pour évoquer l'ambivalence des moments d'une vie, ses épiphanies, Alma son épouse admirée, la petite Anna si friande de la marmelade servie sur le bateau, les étés partagés à la  montagne, ses défaites aussi, le décès de l'aînée, la rencontre avec ce rustre de Rodin, une santé vacillante. La musique, les obstinations conservatrices toujours arc-boutées, exaspérantes, sclérosantes. "Toutes les traditions,qui n'étaient au fond que l'expression d'une volonté farouche de perpétuer aveuglément et stupidement le même... "La mémoire est propice à l'engourdissement, le maître plutôt le "Directeur" comme le désigne le garçon de service sur le pont se lève péniblement observe la mer, pas du tout un désert comme on le prétend, pas du tout comme le ciel. "Là haut tout est vide et mort"...
Comme en contrepoint des grandioses symphonies de Gustav Malher le registre de Robert Seethaler serait plutôt celui, intimiste, de la musique de chambre, un quatuor à cordes , une suite pour violoncelle. "Le dernier mouvement", intitulé que nous devons entendre en son acception musicale certes mais également en ceci qu'il s'agit du final d'une vie nouée à la création et peut-être à sa forclusion. "Quelle pitié qu'elle soit perdue à jamais maintenant..."

Une lecture qui ne peut laisser indifférent tant ce roman comme les précédents de notre auteur, mezzo voce , signe l'essentiel en chacun d'entre nous.                                     
 

C.B

Le dernier mouvement

Robert Seethaler

Éd. Sabine.Wespieser

 

 

Le dernier mouvement
Robert Seethaler

Robert Seethaler

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Commenter cet article