Précipitations
Elle s’appelle Petra. Elle a 37 ans et n’a pu réaliser ses rêves, être musicienne ou écrivaine. Mais elle a rencontré « le clown », divorcé, deux enfants, s’est installée dans sa maison, a eu un petit garçon avec lui et en attend un autre. Elle a endossé sans sourciller les rôles de ménagère, mère, belle-mère, plongeant de façon obsessionnelle dans ces tâches multiples comme si elle cherchait à se dissoudre, à disparaître avec toujours cette impression de ne pas être à la hauteur, de ne pas être légitime. Et puis un jour, elle emmène sa petite troupe au cirque et tout se dérègle (ou se libère).
Ce récit est comme une fuite en avant qui nous entraîne vers ce qui pourrait être un point de non retour (mais peut-être pas). Et c’est, tout au long du récit, la voix de Petra que nous entendons. Et cette voix est étonnamment vivante, rythmée, musicale qui parfois fait penser au flow des rappeurs. Elle nous emporte et nous amène à nous demander s’il est possible de réparer ce qui en nous a été brisé, comme on répare les tasses de porcelaine en colmatant « leurs fêlures avec de l’or ».
F.J.