Fille en colère sur un banc de pierre
C’est un roman qui commence doucement, une histoire qui nous semble familière, déjà lue ailleurs, puis qui monte en intensité : un drame va bientôt nous être dévoilé, à l’origine de l’exil de Aida, personnage central de cette histoire, qui revient sur son île pour enterrer son père. Ses sœurs ont hésité à l’informer de cette disparition, mais s’y sont résolues, après quinze années d’absence. On est au centre d’un noeud familial, avec des personnages secondaires qui tiennent également leur place. Et nous découvrons que les relations entre les personnages sont plus complexes qu’il ne semblait au démarrage. Des retours en arrière nous font reparcourir la vie de cette famille, traversée par une tragédie annoncée dès le premier chapitre mais élucidée beaucoup plus tard.
Comme dans beaucoup de familles, et d’autant plus qu’ici, chez ces îliens taiseux il n’y a pas beaucoup de mots à partager, il faut gratter et prendre des détours pour comprendre ce qui les amenés là où ils en sont, dans une famille avec quatre filles dans une Italie du Sud où "avoir quatre filles, c'est ne pas avoir d'enfant".
Avec un réel talent de conteuse, pour soutenir cette histoire l’autrice nous offre une écriture hachée, saccadée, râpeuse à l’image de son héroïne Aida, sans se priver de moments cocasses comme un accident avec un âne qui a précédé la rencontre de ses parents.
Mais c’est aussi un roman sur la culpabilité qui peut détruire une vie, sur la jalousie et sur la dichotomie traditionnelle entre le bon et le méchant : le méchant n’est peut être pas celui que l’on croit, de même que le naïf, passant pour un ignorant, peut finalement être celui qui sait.
NB
Fille en colère sur un banc de pierre
Véronique Ovaldé
Flammarion