Sous la menace
Bref roman qui donne toute la mesure du grand talent de son auteur; bref dans le temps- espace limité à un weekend à la campagne, un huis clos en présence de cinq personnages : Quentin, 14 ans, le narrateur, Cloé sa jeune cousine, sa mère avec qui les relations sont tendues, les grands parents paternels que l’on vient visiter à la campagne. Un sixième personnage pèse par son absence : le père mort tragiquement. Un week-end ordinaire pourrait-on croire : le voyage en voiture décrit dans ses menus détails, les jeux et les ambivalences avec Cloé, l’anniversaire surprise qui rend triste, la visite rituelle au cimetière. L’ambiance est toujours tendue autour de Quentin vraiment mal dans sa peau ; « Avec l’arrivée de la puberté, j’étais en train de devenir un monstre » concède-t-il. Le style minimaliste, sans artifices, factuel, est au service des tensions sous-jacentes. Très vite, l’air de rien, de petits indices émergent de la sobriété du récit. Ils finissent par intriguer et installer un malaise grandissant, laissant le lecteur dans l’attente d’une rupture inévitable. On ne manque pas alors de s’interroger : quel secret semble rôder et perturber plus que de raison Quentin l’ado insupportable ? Que semble cacher sa mère ? Quel rapport avec ce week-end rituel depuis la disparition du père ?
« Sous la menace » est le quatrième roman de Vincent Almendros, un roman écrit tout en subtilité.
Remarquable.
J.B
Sous la menace
Vincent Almendros
Éditions de Minuit