La douleur fait naître l'hiver
Le quatrième roman, (et premier traduit en français) de ce jeune écrivain ( 22ans) italien, nous embarque au fin fond de la Sibérie . Ce texte surprenant prend ses racines dit l'auteur, dans l'Enfer de la Divine Comédie de Dante . Il explique qu'il a été frappé d'y découvrir que les tréfonds de l'Enfer renfermaient de la glace .
Tout commence - avec un rythme assez lent, comme ralenti par la marche dans une neige très épaisse, qui engourdit les corps, feutre les sons, filtre les sentiments - par la présentation des personnages : Elia, Matvej, Boris, et Jievnibirsk le village, où la route s'arrête, où les vies se sont arrêtées elles aussi . Pas de femmes, pas d'enfants . Un seul chien Sobaka, qui hurle et pleure sans cesse . L'écriture semble comme la neige qui tombe, tremblante, suspendue, puis glacée tenace pour cerner hommes et paysages. On pourrait croire qu'il ne va rien se passer de plus .
Puis quatre hommes arrivent dans la tempête, vulnérables dans le temps déchaîné . On est plus fort lorsque l'on vit ici, cachés derrière portes et fenêtres fermées . Mais le Diable ne peut-il pas entrer où bon lui semble ?
Et la neige qui recouvre tout, qui dissimule et protège des souvenirs malheureux, ne peut-elle pas aussi révéler ce que les âmes perdues ont enfoui au plus profond d'elles-mêmes ?
Commencé dans un tempo contemplatif, le récit prend une allure de western nordique à l'arrivée des quatre étrangers, et se poursuit comme un thriller, ce qui pour un roman de 160 pages environ est assez surprenant, et très réussi.
Matteo PORRU, un jeune écrivain, dont il ne faut pas perdre la trace .
« Certains disent que les anges naissent à Jievnibirsk.
D'autres, qu'y vivent les démons.»
MLMT
La douleur fait naître l'hiver
Matteo PORRU
Traduit de l'italien par Audrey Richaud
Buchet Chastel