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Lors d'un entretien donné à "Étonnants Voyageurs" en 2019, Jón Kalman Stefánsson disait : «  Si on croit en Dieu en Islande, c'est juste qu'on veut qu'il fasse beau ». De tous temps sous-entend l'écrivain, les habitants de cette île ont adressé des prières à Dieu pour que le ciel soit plus clément, mais sont rarement entendus .

Le jeune narrateur, six ou sept ans,  au début de ce récit intemporel, apprend la mort de sa mère qui lui a fait découvrir et aimer les Beatles. Le groupe mythique  se séparant au moment où mère adorée vient de disparaître, alors, « le monde a commencé à se disloquer et l'humain à se perdre ».
Et Dieu dans tout ça ? L’Éternel ne répond pas du tout aux questions que se pose le petit garçon sur cette mort prématurée. Pas plus que le père taiseux.  Pourquoi ne parle-t-on plus jamais de sa mère ?
La réponse est sans doute dans la Bible, dont la lecture est plus ardue que Tarzan quand on a sept ans et que l'on découvre que l’Éternel est «  sourcilleux et maniaque », « jamais satisfait, il passe son temps à piquer des colères, à se lancer dans des déclarations aussi irréfléchies que tonitruantes », après qu'Adam et Eve sont chassés du Paradis. Aussi l'enfant se demande où est passée la Vraie femme de Dieu, a-t-elle quitté ce mari insupportable ? Est-elle morte ? Car Marie elle, c'est la belle- mère. Et Jésus a passé son temps à désobéir à son Père en étant « si doux, si chaleureux ». Le catéchèse Agùst assenant la morale de l’Éternel, et les cantiques - si mauvais, pas composés par Paul et John c'est sûr ! - chantés par Linney  n'apaisent pas l'incertitude pleine de souffrance de l'enfant abandonné .
L’Éternel semble devenir assez copain avec le père (et Johnny Cash!) , pour se saouler ensemble, et tramer des complots contre les fils qui posent des questions dérangeantes.
Heureusement, le petit garçon  se fait de nouveaux amis .
Un couple de vieillards Sesselja et Gudmundur qui le recueillent, le câlinent, lui racontent des histoires.
 En vacances pour l'été dans les fjords de l'Ouest,  ce sont tous les défunts du cimetière qui l'écoutent et parfois lui donnent des conseils. Et surtout heureusement les Beatles sont là, assis dans l'autobus, composant de nouvelles chansons, ils ne se séparent pas, et le monde de l'enfant est sauvé par leur poésie. Paul McCartney restera un  « ami et frère juré », lui orphelin de sa mère à 14 ans, pour qui «  l'art n'existe pas sans la douleur ».  Il est bien normal, ainsi de retrouver Paul dans un parc à Londres, assis non loin de l'écrivain, cinquante ans plus tard, alors que le père toujours accompagné de l’Éternel, passe au volant de sa Trabant, les deux  saouls comme des cochons .
On rit donc beaucoup en lisant Mon sous-marin jaune, pourtant chaque page est empreinte de la mélancolie d'un enfant solitaire, qui jeune adulte continue à être hanté par «  l’absence (qui )n'est que ténèbres ». Le précédent livre,  se rappelle à nous lectrices et lecteurs, tant ce mot ténèbres revient tel un leitmotiv , un motif musical répétitif, une berceuse lancinante pour un enfant inconsolable.
C'est bien  la beauté sauvage de l'Islande,  la poésie, et une citation de Carl Sagan : « Quelque part, quelque chose d'incroyable n'attend que d'être découvert » qui sauveront notre futur écrivain.  Ouvrant la porte des bibliothèques,  l'imagination lui permet de démultiplier le monde, puis plus tard écrivant, il repousse les limites entre vie et mort. Car dit JKS, « la littérature et la musique sont  le seuls médiums par lesquels les morts  peuvent s'adresser à nous ».
En lisant ce dernier magnifique roman, accompagné de la bande son écrite par Paul McCartney  et John  Lennon, nous n'avons aucun mal à le croire.
MLMT

Mon sous-marin jaune
Jón Kalman Stefánsson

Christian Bourgois

Traduit de l'islandais par Éric Boury

Mon sous-marin jaune
J. Kalman Stefánsson

J. Kalman Stefánsson

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M
Commentaire qui donne envie d'y plonger avec le 'yellow submarine"
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