Alors c’est bien

« J’étais soulagée que le vendeur ne me demande pas à quel usage je le destinais. C’est pour l’intérieur ou l’extérieur ? Pour une cuisine ou une salle de bains ? Non, c’est pour le cercueil de mon père, il est mort hier et on va lui faire un enterrement de pharaon. »

Alors c’est bien  est le récit de Clémentine Mélois sur les derniers jours de Bernard son père qui, atteint par la maladie, dicte ses volontés pour que ses obsèques soient une fête. Bernard est un sculpteur original, anticonformiste, voire anarchiste en son temps. Il crée des œuvres singulières à partir de ferrailles émaillées récupérées dans les décharges, passant l’essentiel de ses journées dans son atelier, un bric à brac étonnant, à meuler ses pièces en fredonnant « Petite fleur ». Il a eu son heure de gloire, notamment auprès de certains intellectuels connus sur la place de Paris. Ses filles sont elles aussi artistes, créatrices dans des domaines différents. L’une d’elles, Clémentine Mélois est membre de l’Oulipo, elle mène à la fois un travail de plasticienne et d’écrivaine ; la création c’est dans l’ADN ce cette famille. » Alors c’est bien est son dernier roman. 

Pour préparer cet enterrement original, chacun, épouse , filles, petits enfants, rivalise d’imagination pour réaliser le vœu de Bernard : commander un cercueil qui sera peint en bleu et  dont les accessoires seront enjolivés ; rechercher l’ émailleur qui pourra recouvrir une vieille grande croix récupérée, composer la playlist des musiques « dignes d’un concert au stade de France » . Fort évidemment le sujet est grave, mais le chagrin et l’angoisse sont contenus par la création et l’imagination pour faire de l’enterrement de leur père, la fête qu’il souhaitait. Ce sera un enterrement fantasque, inoubliable. C’est aussi l’occasion pour l’autrice de se remémorer les souvenirs d’enfance en famille, les anecdotes qui l’ont construite, la perte de filiation de ce père exceptionnel. Très bel hommage que l’auteur rend à son père, Bernard Mélois.

Un beau roman.    

J.B

Alors c'est bien

Clémentine Mélois

L'Arbalète/Gallimard