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Ce livre est le troisième volet de ce que Pablo Martín Sánchez a appelé la Trilogie du Yo/Moi et si on n’est pas amateur de dystopie on peut être déconcerté et on peut avoir du mal à entrer dans cet univers. On sait que l’auteur  (oui, celui-là même qui ne voulait pas naître : « L’instant décisif » et qui a des accointances avec un anarchiste : « L’anarchiste qui s’appelait comme moi »), est membre de l’Oulipo et que donc il y a une part de jeu dans ce qu’il nous propose : Il y a des listes (ah ! celle des voitures), des dessins, des blagues plus ou moins drôles.                                                          Le voilà donc, Pablo Martín Sánchez, ce vieux cabochard, cet auteur mineur qui a cessé d’écrire vers 2040, en 2066 (On aimerait savoir si c’est un clin d’œil à Roberto Bolaño d’autant qu’on se rappelle du vrai faux Bolaño d’une des nouvelles de « Fricciones/Frictions ». Il a 89 ans, ne s’épargne pas, nous donne une vision très savoureuse de la décrépitude physique mais vit quand même une improbable histoire d’amour. Il écrit son journal (journal d’un confinement mais journal d’un résistant) et au fil des pages la situation devient tragique et on se laisse prendre par le récit et on a hâte de découvrir la fin.                                  
 Ce qui est étonnant c’est le côté prémonitoire de ce livre écrit avant la pandémie. Le côté jeu oulipien peu à peu s’estompe et l’avenir que Pablo Martín 
Sánchez nous propose est effrayant. Il est à espérer que l’humanité future saura l’éviter mais il faut reconnaître qu’il ne fait que pousser à l’extrême certains désastres contemporains. Après le COVID vient le Marburgo, tout aussi redoutable. Les tensions espagnoles provoquent une autre guerre civile, une Troisième Guerre Mondiale a eu lieu, nos technologies ultra-modernes ont explosé faute de courant électrique (c’est La Grande Panne) et de connexions. Autant de catastrophes incertaines mais possibles. Le jeu finit par tourner mal.

C’est un roman sombre malgré l’humour avec de nombreuses références faites par l’auteur à sa propre enfance, avec ce lieu extraordinaire où l’action se déroule, le Pere Mata, hôpital psychiatrique, chef d’œuvre du modernisme, lieu incroyable pour une telle histoire. Souhaitons à Pablo, et à l’humanité entière, que tout ceci n’advienne pas.

 

 

Pablo Martín Sánchez

« Diario de un viejo cabezota » / « Reus, 2066 »

Acantilado 2020 / Zulma /La Contre Allée 2024

 

Reus, 2066
Pablo Martín Sánchez

Pablo Martín Sánchez

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