Appelez-moi Cassandre
Cuba, Cienfuegos, fin des années 80. Raúl Uriarte, adolescent malingre, ne veut pas qu’on l’appelle « sans os », ce que font pourtant ses camarades d’école. Il aime que sa mère, un peu folle, l’habille en fille parce qu’il ressemble ainsi à sa tante défunte et que cela lui va si bien. Il fuit son père, macho caricatural.
Est-il fille ou garçon, ce n’est pas très clair. Mais ce qui l’est par contre c’est son amour pour la littérature et particulièrement pour l’Iliade qui le fascine. Il échappe ainsi à une réalité compliquée. Dans l’Iliade, il y a Cassandre, la fille de Priam qui prédit l’avenir mais qu’on ne croit pas. Peu à peu, dans ce récit où le réalisme magique rôde, Raúl devient Cassandre et nous raconte sa vie à venir, sa mort annoncée aurait dit Gabriel García Marquez.
Enrôlé dans l’armée pour deux centimètres de trop il part en Angola participer à une guerre qui n’est pas la sienne où il est la risée des soldats du contingent qui l’appellent Marilyn Monroe et où le capitaine du régiment fait de lui sa chose.
Raulí sait que le capitaine finira par le tuer car il est l’image de son homosexualité refoulée. Mais il sait aussi que pour ceux qui savent voir, comme pour Athénée dans l’Iliade et pour le léopard de la savane qui le regarde, il est Cassandre. Alors, il accepte son destin.
« Appelez-moi Cassandre » est un roman fascinant où Marcial Gala et son personnage se confondent dans un jeu de miroir sans fin parce que, au bout du compte, l’écrivain n’est-t-il pas toujours, d’une certaine façon, Cassandre?
( Ce roman est dédié à Reinaldo Arenas, grand écrivain cubain persécuté et emprisonné par le régime cubain pour homosexualité)
F.J
Appelez-moi Cassandre
Marcial Gala
Zulma