Anomalie
Ce roman se situe entre les 400 coups de Truffaut et ce délicieux roman L’infractus du Myocarde de Jacques Fansten qui avait fait l’objet d’un film (en fait le roman est étonnamment l’adaptation romanesque d’un scénario de film).
Sur fond de banlieue des années 80, sous une apparence de légèreté, c’est un roman vif et enlevé qui nous fait partager la vie difficile, voire dramatique de deux enfants qui abordent l'adolescence.
Mehdi, le narrateur devenu adulte revient sur son adolescence et celle de sa soeur à laquelle il est attaché de façon vitale, et nous emmène dans leur vie compliquée et tumultueuse. C’est en fait une succession de drames que vivent ces deux enfants qui manquent d’une boussole, livrés à eux mêmes, cherchant à tâtons le bon chemin vers la vie.
Adoptés par un couple bancal composé d’une institutrice et d’un ouvrier, militants communistes, sans que l’on comprenne bien pourquoi et comment cette adoption s’est réalisée, ils se lient à une camarade dont le portrait de la famille un peu flou, recèle aussi quelques énigmes.
Devenu adulte, le narrateur cherche à comprendre et à percer les secrets de leur origine, et de leur adoption et à sortir d’un cycle infernal.
Pas de pathos, de la poésie, de l’humour, un texte émouvant, aux antipodes d’un mélo. Pourtant la vie de ces enfants nous raconte une certaine misère sociale et témoigne d’un monde un peu disparu, avec la fin du communisme, et la vie quotidienne dans des banlieues ouvrières côtoyant une population immigrée dans des tours construites dans les années 70. Même les équipements sportifs (les deux enfants fréquentent assidument la piscine municipale) sont datés.
Mehdi et sa soeur Leila vivent à la marge, commettent des délits, mais très vites ils deviennent attachants.
C’est un roman qui se lit facilement, le rythme est enlevé. Si le narrateur est un adulte, pour autant le livre est écrit à hauteur d’enfant. Il revient sur son enfance et son adolescence en se remettant dans l’état sauvage dans lequel il était alors. Finalement il y aussi dans ce roman quelque chose de « L’enfant sauvage » de Truffaut..
N B