Du côté des vivants

En littérature il y a des voix singulières, des voix discrètes qui parfois vous attrapent.

Violaine Bérot est de celles-là. Dans un précédent livre, « Tombée des nues », elle racontait l’histoire d’un déni de grossesse avec une infinie douceur et une grande délicatesse.
Dans celui-ci, qui lui fait écho, il est question de fin de vie. Nous sommes dans un hôpital, un de ceux qui pourraient bien fermer, où les soignants font leur travail du mieux qu’ils peuvent, même si travailler là ce n’était pas forcément une vocation.

Il y a une jeune-fille, comme une ombre, qui rôde sans cesse en chaussettes dans les couloirs. Et dans la chambre 308, Alphonse, un vieux paysan au cœur très fatigué, qui ne s’est jamais remis de la mort de sa fille aînée, « sa grande », disparue à 7 ans et qui sait qu’il n’en n’a plus pour très longtemps.

De l’autre côté du rideau, dans cette même chambre, Greg sort d’une chimio qui s’est très mal passée. Il sait qu’il est condamné et ne veut plus être soigné. Il a décidé qu’il allait faire la fête pendant six mois avant de mourir. Mais Lombardo, la médecin argentine qui fait marcher le service envers et contre tout, ne l’entend pas de cette oreille. Certes tout ceci n’est pas très gai et pourtant ce qui émane de ce récit c’est une grande douceur et une grande délicatesse. Cette douceur et cette délicatesse on les retrouve dans la façon dont sont évoqués les liens très forts qui se tissent entre Alphonse et Greg, dans celle aussi avec laquelle Violaine Bérot évoque la vie de ce petit hôpital. Avec toujours le mot juste, sans aucune sensiblerie. On sait que tout ça va mal finir mais c’est pourtant sur une célébration de la vie malgré tout que se termine le récit : Alphonse, Greg et ses amis sur la terrasse de l’hôpital fumant ce qui pour les deux malades sera sans doute leur dernière cigarette, comme un pied-de-nez à la mort.

Un petit livre lumineux          
 

F.J                
 

Du côté des vivants 

Violaine Bérot

Buchet Chastel