pour des commandes, CONTACTER LA LIBRAIRIE : contact@legraindesmots.com
14 Octobre 2025
Le premier roman Le Produit (Seuil 2013), de l’auteur Kevin Orr faisait raconter par un jeune homme des expériences de vie « stupéfiantes » parcourues de déchéance, quête d'idéal et de renaissance.
Le deuxième écrit, Laure (Seuil 2025), reprend « la recherche des temps perdus »contemporains dévoilés par un narrateur, observateur de sa famille « décomposée ». Celle-ci marquée par des transmissions défaillantes. Le père s’est éteint sans ses proches, la mère est morte brutalement, le seul survivant est le frère violent.
La table des matières en fin d’ouvrage présente pour chaque personnage des faits : PAPA, Mort de papa (Hier, aujourd’hui, Demain) ; MAMAM, Maman avec son amant (CE2), GRAND FRERE (Suite et fin).
Reste son premier amour de collège. Laure, personnage féminin doublement incarné : un être aux émotions instables entre le fabuleux et le fantomatique évoque aussi une icône ou vision : ces dernières polarisant l’extension de l’exploration des fragments de souvenirs.
Le portrait de Laure, défini progressivement permet au narrateur d’interroger dans la douleur la capacité à aimer une femme selon une exigeante perfection amoureuse. - « Il y a dans la folie, cette attraction qui fait qu’il est impossible de lutter même de loin. »- Cet amour fou proche de la transe qui convoque l’ombre de Nadja, égérie de Breton, donne des signes d’instabilité de Laure.
Laure a pour le lecteur une puissance évocatrice de par sa structure et sa langue. Le récit n’est pas une autobiographie revendiquée mais bien un roman qui hybride le journal intime fictionnalisé et roman d’apprentissage sur le deuil. Il s’impose sur le sujet des rapports familiaux et amoureux.
Les échappées langagières peuvent impressionner le lecteur dans les deux sens de ce verbe : d’abord la tension générée par la forme d’une (en)quête menée par le narrateur sur l’ensemble des personnages, ensuite l’écriture qui fait ressentir des émotions de tristesse, d’apitoiement par empathie pour les personnages et (sans doute une patte de nervosité) plutôt que de décrire longuement.
C.D
Laure
Kevin Orr
Éd du Seuil