Mer Égée Ulysse ne reviendra pas

Voici un petit livre de 90 pages, certes écrit petit, mais dense, que l’on referme réjoui-e comme après un voyage où l’on aurait beaucoup appris par les lectures, y compris celles des paysages, par l’arpentage, par la conversation avec des gens versés en histoire et préhistoire, en art, en géologie et géopolitique, et qui, nous accompagnant à l’aéroport nous glisseraient dans la poche une liste de personnes à rencontrer encore pour poursuivre la découverte. Et ça, c’est la page 88 et son côte à côte franco-grec de chanteurs et chanteuses, de journalistes (dont la regrettée Angélique Courounis) de chercheur-e-s, d’élu-e-s au Parlement grec, que Fabien Perrier remercie.

Ce livre est court mais ouvre de nombreux dossiers sans pour autant être superficiel. Pourquoi ?

Parce qu’à propos de chaque thème attendu Fabien Perrier pointe une question ou retrace un événement témoin qui font qu’on se met à mieux comprendre. 

Par exemple : le surpoids touristique est une évidence, il gâche un peu la beauté époustouflante des lieux, mais connaît-on « le mouvement des serviettes » qui a récemment témoigné de la lucidité des autochtones ?

Par exemple encore : on sait et on répète que les puissants armateurs grecs battent pavillon russe, ou anglais, ou autre. Mais en connaît-on l’origine historique ?

Et aussi, en dépit des passages et occupations romaine, byzantine, ottomane, vénitienne, gênoise, anglaise, italienne, la langue grecque n’a jamais cessé d’être parlée, ferment d’unité ancestral, à côté de la religion orthodoxe au développement plus récent.

Ou encore : l’animosité entre la Grèce et la Turquie. Sont exposées ses périodes d’accalmies et ses manifestations tragiques jusqu’à ce que Fabien Perrier passe le relais à Nikos Christophis dans l’un des trois entretiens qui clôturent le livre. Et celui-ci questionne : la mer Égée et ses îles sont-elles grecques ? Les réponses nécessitent plusieurs pages avant même que la question de Chypre soit à son tour abordée. 

Ce court écrit déborde le cadre d’un simple essai. Il relève d’une façon d’informer et d’un style dont Fabien Perrier nous avait révélé la profondeur et le charme dans « Alexis Tsipras, une histoire grecque »*, écrit instructif qui lui aussi lève bien des tabous.

Demeure le mystère du sous-titre…

Pourquoi Ulysse ne reviendra-t-il pas ?

E.B

Mer Égée

Ulysse ne reviendra pas.

Fabien Perrier

Ed. Nevicata

Collection L’âme des peuples​​​