Mon étincelle
Après « Anguille sous roche », particulièrement remarqué et primé (Prix Senghor 2016), Ali Zamir poursuit sa jeune carrière d’écrivain avec « Mon Etincelle » deuxième roman tout aussi remarquable et original.
Il s’annonce comme un conte : C’est dans les turbulences d’un vol d’avion devenu périlleux, entre deux îles des Comores, périlleux comme la vie, que la jeune Etincelle prévient : « Accrochez-vous donc et suivez l’histoire que m’a racontée maman …une belle histoire d’amour : Douceur et Douleur s’aimaient éperdument… » . L’amour, ses jeux, ses hasards, ses tragédies tissent le récit. Mais le roman est plus complexe, il ne s’agit pas que d’amour. Il entrecroise, telle la tradition orale, plusieurs récits tour à tour invraisemblables, drôles et tragiques dont les personnages, haut en couleurs, sont souvent excessifs comme cet incroyable Efferalgan (Oui, il s’appelle ainsi !) . Il y a aussi de jeunes diplômés sans emploi dont l’avenir incertain est empêché par le poids des traditions patriarcales et la corruption des gouvernants.
Certains sont sauvés par la poésie qu’ils déclament en toutes circonstances car la poésie s’affirme avec force tout au long du récit. De même le roman est entièrement porté par la remarquable inventivité de l’écriture ; Ali Zamir aime tordre la langue, la recomposer, enfiler des mots oubliés ou inventés (sa « chacunière » pour son chez soi) ; il joue, détourne les sens (Calcium, Tétanos, Vitamine….sont le nom de personnages), brode sur les dictons populaires.
Un roman époustouflant.
JB
ALI ZAMIR
Mon Etincelle
Le Tripode