Rue de la Justice
D. Sallenave part à la recherche de son arrière grand-mère dont elle ne sait quasiment rien, sauf qu’elle garda toute sa vie sur sa cheminée une gravure des obsèques de Victor Hugo.
Cet essai est une plongée dans son pays d’origine, l’Anjou et dans la III° République, avec des allers et retours dans l’histoire, du Moyen-âge à aujourd’hui, dans une réflexion sur la République, et l’École dont elle est issue – grand-mère et parents instituteurs et institutrices-, elle même normalienne.
Elle s’interroge sur ses origines, en l’occurrence ici une origine populaire, et rend toute leur dignité aux gens du peuple dont elle se considère proche. Une grande question est pour elle leur adhésion à la République et ses valeurs : comment ses ancêtres, dans une région marquée par le catholicisme, usés par la dureté du travail pouvaient-ils être républicains après la défaite de Sedan et l’avènement de cette III° République, puis au XX°s. ?
L’ouvrage est documenté (riche bibliographie) et je ne doute pas que les personnes de cette région y trouveront un intérêt réel. Par ailleurs ses réflexions sur notre devise républicaine reste d’une actualité brulante. En mêlant histoire collective et égo-histoire elle se fait proche, intime. C’est une autre réflexion autour du thème des transfuges de classe, des frontières sociales. Ici c’est sur trois générations que s’inscrit l’ascension sociale de D. Sallenave qui « termine » sa carrière à l’Académie française.
Le titre du livre porte le nom de la dernière adresse de cette arrière-grand-mère laveuse sur un bateau-lavoir, en forme de signe.
N.B
Rue de la Justice
Danielle Sallenave
Gallimard