Qui-vive
Le dernier roman de Valérie Zenatti « Qui-vive » est une réflexion sur le sens à donner à l’Histoire et à notre place dans un monde actuel fissuré par tant d’évènements tragiques.
Mathilde qui enseigne l’histoire sait combien il est important d’expliquer la marche de l’histoire pour éclairer le présent. Et pourtant face à une actualité de plus en plus violente, elle est gagnée par l’incertitude, tellement affectée qu’elle en perd le sommeil et même le sens du toucher rendant la réalité impalpable. Comment échapper à la pression du retour du tragique dont elle égrène les dates symboles depuis l’attentat inouï du septembre 2001, la guerre au Moyen Orient , la montée des islamismes et les attentats perpétrés à Paris, la pandémie, le danger Trump , l’Ukraine ? Quel avenir peut-on entrevoir dans ce présent bousculé ? Elle perd pied, ne sait plus, ne veut plus se mentir. Elle retrouve un écho à son désarroi dans la décision du chanteur canadien,Léonard Cohen, qu’elle affectionne et dont la disparition en 2016 l’a affectée, de quitter la scène en plein concert à Jérusalem en 1972 car l’inspiration vient de le quitter. Comme lui, elle ne veut plus tricher, décide de partir seule. C’est en Israël, pays qui lui est inconnu, qu’elle tente, en suivant les traces de Léonard Cohen et de son grand-père, de pouvoir se retrouver. Elle entame un voyage d’errance, de rencontres, qui est en réalité un voyage intérieur à la recherche d’elle-même, de ses racines aussi, jusque là reléguées, un voyage qui la confronte aussi aux traces des conflits israélo-palestiniens (roman écrit avant le 7 octobre) et des tensions entre les communautés. Roman intense sur la quête de soi, on y retrouve l’écriture assurée et sensible de Valérie Zenatti.
Qui-vive fait suite au roman précédent « Dans le faisceau des vivants », récit de son voyage en Ukraine dans la ville natale d’Aharon Appelfiel, voyage effectué juste avant la guerre actuelle.
JB
Qui-vive
Valérie Zenatti
Éd. de l'Olivier