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Publié par Christian

Sur les traces de la vérité – Discours, lettres, entretiens, articles, sous la direction de Wolfram Bayer, Raimund Fellinger et Martin Huber, traduit de l’allemand par Daniel Mirsky, éditions Gallimard

Goethe se mheurt , traduit de l’allemand par Daniel Mirsky, éditions Gallimard.

de Thomas Bernhard

Récemment sont parus deux livres de Thomas Bernardt, un recueil de quatre récits intitulé « Goethe se mheurt »ainsi qu’une compilation d’articles, d’entretiens et de lettres, « Sur les traces de la vérité »dont le premier texte est consacré à la réception de Rimbaud et plus généralement à la condescendance accordée à la poésie. Autant le dire, pas un seul mot ici qui ne soit un moment de constant combat de Thomas Bernhardt, un virulent projectile lancé à toute force à la face des mesquineries arrivistes des cercles « pensants », des institutions autrichiennes qui les asservissent. La causticité roborative de Thomas Bernhardt se mesure à l’aune du pouvoir d’agression des chiens de garde, non seulement d’une veule bourgeoisie mais d’une société toute entière engluée dans un passé qui ne passe pas. « Connaissez-vous beaucoup de pays où un ministre se dérange spécialement pour saluer le « retour au bercail »d’un officier SS responsable du meurtre d’un millier de personnes ? Et de poursuivre toujours à propos du dit notable et de sa famille : « au premier étage on fait du violon. Au sous-sol on ouvre les robinets à gaz. » Ceci ne vous rappelle rien, vraiment ? Ces propos datent de 1985 et depuis ? Ici, ailleurs certains histrions regrettent publiquement que les robinets ne soient pas suffisamment ouverts…

Quatre récits composent « Goethe se mheurt ». Pourquoi cette visible intruse, cette lettre qui serait superflue si elle ne marquait tout compte fait, la dérision d’un tel événement ? Goethe embaumé de son vivant, enseveli sous les honneurs, illico canonisé dès qu’il profère un divin oracle, finira sa course à l’abîme en citant Wittgenstein (une facétie de Thomas Bernhardt) que personne n’entendra : «Clarté grandiose »tels furent les mots ultimes échappés des lèvres du grand homme diront les courtisans. « J’en ai ma dose » telle fut la vérité que la chronique ne retiendra pas !Ce refus sarcastique de l’emphase, cette tranchante détestation de l’à peu près ne va pas chez Thomas Bernhardt sans tendresse pour ceux-là même qui peuplent sa vraie famille ; ainsi en est-il de Montaigne et …des papillons : « l’autre jour, en me couchant, j’ai trouvé sur mon lit un papillon à moitié engourdi par le froid. Toute le nuit j’ai évité de remuer pour ne pas le blesser » (Sur les traces de la vérité)

Christian B

 Sur les traces de la vérité et Goethe se mheurt
 Sur les traces de la vérité et Goethe se mheurt
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