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C’est à partir de l’engagement de Ravel dans la Grande guerre, tournant important dans la vie et l’œuvre du compositeur, que Michel Bernard choisit de saisir la personnalité de Ravel. Pourtant, en raison de ses faiblesses physiques , Ravel est exempté . Mais il ne supporte pas de faire partie de l’arrière, s’obstine pour défendre lui aussi son pays et finit par se faire engager comme conducteur ambulancier, abandonnant sa carrière de musicien déjà reconnu. Michel Bernard montre la force de l’engagement de Ravel dans l’enfer de Verdun : Ravel, soldat consciencieux ; Ravel zigzaguant entre les explosions pour ramener coûte que coûte blessés et mourants ; Ravel qui s’agite jusqu’à l’épuisement. Mais au milieu de l’horreur, l’auteur ménage des respirations, des moments de grâce : Ravel parle aux arbres de la forêt de la Meuse, il griffonne les notes du chant des oiseaux ; et alors la magie de la nature opère : la musique explose dans sa tête. L’écriture se met alors au diapason des émotions qui submergent Ravel le compositeur. Même virtuosité d’écriture pour évoquer ce « bouillonnement d’idées musicales qui se bousculent » en lisant Sylvie de G.de Nerval ou Le Grand Meaulnes, inspiré par les forêts de Sologne ou d’Ermenonville. Alors que le retour à la vie civile est difficile, ce sont les forêts qui apaiseront son âme tourmentée. A Lyons la Forêt, il échappe à la neurasthénie et achève enfin Le tombeau de Couperin, et six pièces de « Suite française », œuvres dédiées aux soldats tués au front. Toujours la guerre, cette expérience qui ne cessera de porter l’âme de son œuvre. C’est près de la forêt domaniale de Rambouillet qu’il choisit une maison toute de guingois mais qui « s’ouvre sur la forêt et le ciel ». Il y trouve enfin la paix et entre deux tournées de concert, il compose le reste de son œuvre.

Cet ouvrage qui se dévore d’une traite, nous plonge aussi dans les anecdotes des années d’après-guerre, dans les rencontres musicales de cette époque marquée par un style différent dont Ravel est l’un des initiateurs. De plus, le lecteur savoure une écriture certes classique mais si sensible et si musicale qui accompagne les émotions de Ravel.

Après cette lecture, on peut rappeler un autre Ravel, lui aussi admirable, celui de Jean Echenoz qui retrace la fin de la vie du compositeur alors torturé par la maladie qui le réduira au silence. Une autre façon d’aborder Ravel.

JB

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