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Dans ce roman, Ayelet Gundar-Goshen, auteure israélienne, diplômée de psychologie clinique, sonde le thème du mensonge et ses conséquences.

Nymphéa est une lycéenne de 17 ans mal dans sa peau, sans amis, vendeuse de glaces l'été, à qui il n'arrive jamais rien. Un jour, un client, chanteur en perte de gloire, l'insulte violemment. Les mots qui font mal vont se transformer en accusation de viol. Nymphéa est alors prise dans l'engrenage du mensonge, qui devient pour elle une bouée de sauvetage éphémère et gratifiante pour survivre au naufrage de la solitude, qui lui permet de passer de l'ombre à la lumière. Mentir devient plus facile que subir un quotidien médiocre. Choyée par sa famille, devenue populaire au lycée, invitée par les journaux, les chaînes de télé et de radio, les associations féministes, les militants contre les violences masculines etc...Nymphéa ne dément pas. Elle s'épanouit, s'embellit, se sent enfin vivre.

D'autres menteurs gravitent autour de l'ado, un maître-chanteur devenu son petit copain, une pensionnaire de maison de retraite qui usurpe l'identité de son amie rescapée des camps etc... L'auteur campe des personnages tous plus vrais que nature, que ce soit les personnages principaux ou les personnages secondaires. La romancière les regarde mi-amusée, mi-compatissante s'empêtrer dans leurs attitudes, leurs certitudes ou leurs mensonges, elle leur donne une humanité touchante, sur toile de fond réaliste : assassinat de Yitzak Rabbin, guerres de Gaza, omniprésence de l'armée, barbarie islamiste, visite des camps en Pologne etc...

C'est une fable moderne, urbaine, ancrée dans notre monde médiatique et l'ère #MeToo que nous conte la romancière. Elle observe les travers de notre époque : pouvoir de l'image, obsession de la célébrité, limite floue entre la réalité et l'infox. Cette fable aux mille et un retournements de situation, de péripéties inattendues, est contée sur un ton tour à tour léger, humoristique, caustique, usant de métaphores surprenantes, jouant avec les mots, donnant une humanité touchante aux personnages, aiguisant sans cesse notre curiosité et notre envie de connaître le dénouement. Le roman prend la forme d'un roman à suspense assez féroce , chaque retournement de situation rebat les cartes entre des personnages dépassés, contradictoires, roublards ou fragiles.

On se demande sans cesse : quels dégâts vont- ils encore causer, à quel moment la vérité va-t-elle éclater ? L'auteure pousse le lecteur à s'interroger, à douter. Y a-t-il de petits et grands mensonges ? La vérité est-elle tout le temps souhaitable ? Elle nous laisse entendre que le mensonge comporte des risques. Dans ce roman il y a beaucoup plus de gravité que ne le laisse supposer la couverture rose bonbon .

Une belle découverte.

MP

 

La menteuse et la ville

Ayelet Gundar-Goshen

Traduit de l'Hébreu par Laurence Sendrowicz

Les Presses de la Cité

La menteuse et la ville
Avelet Gundar-Goshen

Avelet Gundar-Goshen

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