La fin de la Mégamachine
Fabien Scheidler, l’auteur est philosophe et dramaturge allemand .
C’est en humaniste qu’il cherche à comprendre comment notre civilisation qui, dans le monde entier se présente comme porteuse de raison et de progrès, n’est pas capable de changer de cap pour abandonner une voie manifestement suicidaire, créant les moyens de sa propre destruction .
Sans prétendre à une histoire universelle, il a sélectionné le matériel historique et le cadre géographique de l’analyse :
la préhistoire en Mésopotamie et Méditerranée,
et l’expansion du « système monde »moderne de l’Europe vers le reste du monde .
Le livre se divise en 2 parties portant d’abord sur les 5 premiers millénaires puis les 500 dernières années
Le terme « mégamachine » est emprunté à l’historien Lewis Munford (1895-1990) pour nommer cette forme d’organisation sociale qui, prenant appui sur 3 principaux piliers: militaire , étatique , économique, dans la perspective d’une accumulation sans fin du capital, semble fonctionner comme une machine et dans lequel les être humains ne seraient que les rouages .
Le point de vue de l’auteur se décentre de l’histoire officielle , celle souvent racontée par les vainqueurs .
Une version standard c’est le mythe de la civilisation occidentale qui a conduit malgré les obstacles et revers plus de bien-être et de paix , de savoir , de culture et de liberté, les guerres et les génocides sont vus comme des dérapages , des effets secondaires non voulus d’un processus de civilisation qui a été positif.
L’auteur démontre que les inégalités sociales , les dégâts environnementaux ont des causes plus profonde que le néolibéralisme qui est l’aspect plus récent d’un système plus ancien fondé sur le pillage, système qui avec une force d’expansion inédite a atteint désormais ces limites . Les dérapages ne sont pas secondaires mais consubstantiels à cette forme d’organisation sociale.L’économie monétaire ne serait pas née du libre échange mais de la logique de la guerre et de l’esclavage
Notre histoire est une histoire sociale dans laquelle il identifie quatre tyrannies structurantes et liées entre elles : la violence physique, la puissance économique, l’ hégémonie idéologique, une pensée linéaire appliquée au système vivant, l idée que l’on puisse maitriser le système de la terre qui font obstacle à l’exercice d’une véritable démocratie .
Avant un épilogue qui évoque l’ombre de l’hydre : les pandémies et les limites de l’expansion, la dernière partie du livre est une ouverture vers des possibilités , elles se nourrissent du retour sur cette histoire sociale. Sortir de la mégamachine et ainsi de la logique capitaliste d’accumulation sans fin est inextricablement lié à la question de l’auto-organisation démocratique.
La fin de la Mégamachine est un livre dense, structuré en chapitres et sous chapitres ce qui en facilite la lecture .
Les événements décrits sont particulièrement documentés, on apprend beaucoup et avec un vif intérêt dans ce bond en arrière au coeur de notre histoire .
Une importante bibliographie organisée par chapitre, une chronologie détaillée des faits importants survenus aux époques évoquées, mais également des notes nombreuses et précises permettent d’approfondir le propos et rendent cet ouvrage très riche.
Comme je l’ai lu dans des commentaires, on aimerait que ce livre soit étudié à l’école .
En attendant je le recommande vivement !
Lisez le,
Offrez le .
M.F.D.A
La fin de la Mégamachine
Sur les traces d’une civilisation en voie d’effondrement
Fabian Scheidler
Editions Anthropocène Seuil 2020, publié en Allemagne en 2015